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Le Petit cours d'actu
Le Petit cours d'actu
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17 mars 2010

De l'Agora au Zénith

Mercredi midi au marché de Grenelle à Paris, une vingtaine de caméras et d'appareils photo s'ameutait bruyamment, formant un infranchissable cordon de sécurité. Derrière, peinant à percer la carapace, une dizaine de radios tendaient leurs perches dans l'espoir de capter un son. Ce n'était pourtant pas Brad Pitt qui était venu tracter sur ce marché populaire du XVe arrondissement de Paris. C'était Valérie Pécresse, chef de file UMP en Île-de-France, accompagné de sa tête de liste parisienne Chantal Jouanno et Xavier Bertrand secrétaire général de l'UMP.

Petit rappel historique. Les divas de l'opéra ont un temps été mis à l'écart par celles du grand écran. Puis les starlettes d'Hollywood ont vu naître la concurrence de ces parfaites inconnues glorifiées par un passage éclair dans une quelconque émission de TV réalité. Aujourd'hui c'est au tour des politiques de voler la vedette. Pour chaque déplacement d'un ministre, d'un élu ou parfois même d'un simple associatif un peu connu, les rédactions s'affolent. Les journalistes de presse écrite, radio, TV se pressent pour glaner une petite phrase par ici, une autre par là. Plus le temps de respirer, plus le temps de réfléchir. Depuis des semaines, les candidats UMP ou PS engagés dans la campagne des régionales se lèvent à sept heures du matin pour aller à la rencontre des électeurs, pour prendre le pouls de leurs problèmes quotidiens. Une initiative noble malheureusement gâchée par leur besoin narcissique de constamment se mettre en scène. Que ce soit pour une rencontre avec une association, pour un tractage dans un marché ou alors pour visiter une  simple usine, hommes et femmes politiques sortent couverts. Couverts de flashs, couverts de questions, couverts de journalistes. (Les médias ont une part de responsabilité non négligeable ! Mais ça c'est une autre histoire qui vous sera prochainement conter, j'espère.)

En français, la realpolitik prend un autre sens. La "politique réalité" est cette déconnexion totale de la politique avec son objectif premier: l'intérêt public. À trop tirer sur la couverture médiatique, les politiques ont totalement occulté l'intérêt public et la vie de leurs administrés. Désormais tout n'est plus qu'affaires de style, de communication, de petites phrases. Il paraît que les vieux Canard enchaîné s'entassent dans les salles de commission de l'Assemblée où les députés commentent en commère les derniers potins sur leurs collègues.

Au final, les citoyens ne parviennent plus à distinguer le moindre élu de la République quand une armée de gardes du corps, armés d'appareils photos et de crayon, leur cachent la vue. Puis quand vient le printemps, les élections et l'abstention on s'étonne. On s'étonne que les Français préfèrent voter sur TF1 pour élire le gagnant de la Ferme que pour choisir leur président de région. À choisir entre ces deux cirques, c'est vrai que celui de TF1 paraît quand même moins hypocrite.

Voilà le Petit cours d'actu c'est fini. La prochaine fois, on pardonnera tous les caprices des hommes politiques parce qu'ils nous font bien rire ! (Et qu'ils me font gagner ma vie.)

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Même enfermée dans une petite boîte, il faut qu'elle parle aux journalistes...

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